Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/326

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avais dites. Une migraine m’avait dispensé d’être de la partie. La sévérité de mœurs que j’affichais fut donc conservée toute entière aux yeux de l’épouse infortunée, qui ne vit de coupables que son mari et la gouvernante de ses enfans. Voilà des horreurs, monsieur, me dit-elle dès qu’elle eut vu le commencement… que je voudrais les avoir ignorées ! Ces paroles, sans que madame de Moldane s’en doutât, me dévoilèrent la tournure de son esprit. Il ne m’en fallut pas davantage pour voir que c’était une femme timide, incapable de servir à la réussite de mes projets ; et ces réflexions me portèrent à changer aussi-tôt de batteries. Un moment, madame, interrompis-je brusquement ; souffrez que j’aille dire un mot à votre mari ; il craint l’arrivée d’un importun, je vais le rassurer sur cette visite ; et, libre de ses actions, vous allez voir tout ce qu’il va se permettre. Je sors. Mon ami, dis-je à Moldane en le tirant dans un cabinet voisin, nous sommes découverts ; vengeons-nous promptement ; votre femme, agitée de quelques soupçons sans doute, est entrée furtivement dans ma chambre, dont j’avais pourtant la clef dans ma poche ; elle a écouté ; elle a apperçu la fente que vous connaissez ;