Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/330

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culer un sperme que je ne pouvais plus contenir ; elle en inonda les chairs inanimées de la belle épouse de mon patron. Nous reprîmes les soins qui nous occupaient ; à force d’eau nous enlevâmes les trâces du sang dont la chambre était inondée, et nous cachâmes le corps dans une banquette de fleurs qui régnait le long d’une terrasse, voisine de mon appartement. Le lendemain Moldane reçut une lettre supposée, par laquelle l’amie de sa femme l’avertissait que cette digne épouse venait de tomber malade chez elle, et qu’elle demandait Victoire pour la soigner ; celle-ci disparut, bien payée, promit le secret, et tint parole. Au bout de huit à dix jours la prétendue maladie de madame de Moldane eut l’air de devenir si grave, qu’il paraissait impossible de pouvoir la transporter chez elle ; Victoire nous donnait des nouvelles ; Moldane et ses enfans étaient censés y aller passer des journées presqu’entières ; enfin, la digne épouse expira ; nous portâmes le deuil. Mais Moldane n’avait ni la fermeté qui convient aux grands crimes, ni l’esprit nécessaire à calmer les remords ; en déplorant son forfait, il en détesta la cause, il ne retoucha plus ses enfans, et me supplia de les faire revenir des