Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/329

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geons du reste. Moldane, égaré, sort, ses enfans le suivent, et nous nous disposons à mettre ordre à tout.

Faut-il vous l’avouer, mes amis ?… Oui, sans doute, c’est de mon cœur tout entier dont vous desirez le développement ; je ne dois vous en rien cacher. Un feu subtil s’alluma dans mes veines à la vue de ce corps, dont je venais de causer l’anéantissement : l’étincelle d’un caprice inconcevable, où vous me verrez bientôt livré plus amplement, s’alluma dans mon cœur, en considérant cette malheureuse encore belle. Victoire m’offrait, en la déshabillant, les plus belles chairs qu’il fût possible de voir ; je bandai… Je veux la foutre, dis-je à la gouvernante de mes élèves. — Mais elle n’éprouvera plus rien, monsieur. — Que m’importe, sont-ce les sensations de l’objet qui me sert que je desire ! Non, certes : l’inertie de ce cadavre ne rendra les miennes que plus vives. N’est-ce pas d’ailleurs mon ouvrage ; en faut-il plus pour rendre délicieuse la jouissance que je projette… et je me disposais… mais l’ardeur de mes desirs effrénés trompa mes desseins ; trop d’impétuosité me perdit ; j’eus promptement recours à la main de Victoire qui fit éja-