Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/332

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cette arme ; frappes-en le coupable ; satisfais les mânes de ta mère ; elles sont là ; elles voltigent au-dessus de ta tête ; et les cris déchirans de la victime se feront entendre, aussi long-tems que le sacrifice expiatoire ne sera pas présenté par tes mains… Mon ami, je te regarde toi-même, comme un monstre, si tu balances une minute ; celui qui n’ose punir le crime quand il le peut, est aussi coupable à mes yeux, que celui qui se le permet. Dans l’impossibilité d’une dénonciation qui ne serait pas reçue, il ne te reste d’autre parti à prendre que d’agir toi-même ; presses-toi donc, te dis-je, ou tu n’es pas digne de vivre.

Quelques jours de pareilles insinuations enflammèrent bientôt la tête de ce jeune homme : je lui présente des poisons, il les saisit avec avidité ; et le nouveau Seïde se couvre bientôt du plus affreux forfait, en croyant servir la vertu.

Ne restant plus que des collatéreaux très-éloignés, on établit un conseil de tutelle, dont je sus tellement gagner la confiance, que je fus nommé gardien des effets, et maintenu dans l’éducation des enfans ; employé dans les affaires de la maison, toutes les sommes me passèrent par les mains ; ce fut alors que je