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conçus l’exécution du dénouement de mon projet.

Je crus que, pour y réussir, je n’avais pas d’autre parti à prendre, que d’employer sur l’esprit de Joséphine, les mêmes moyens qui m’avaient aussi bien servi pour décider Sulpice à se débarrasser de son père. Vous n’avez plus, dis-je à cette jolie petite innocente… non, il ne vous reste plus pour être heureuse, d’autre parti à prendre, que de vous débarasser de votre frère ; je sais que dans ce moment-ci il complotte contre vous ; et, qu’à dessein d’hériter seul de tout le bien, il propose de vous faire mettre pour le reste de vos jours dans un couvent. Il est tems de dévoiler à vos yeux, Joséphine, toute l’atrocité de ce personnage : lui seul est la cause de la mort de votre père et de votre mère ; lui seul a ourdi ces affreux complots ; lui seul en exécuta une partie ; vous serez bientôt sa victime aussi ; vous êtes morte sous huit jours, s’il ne réussit pas à vous faire enfermer pour la vie… Faut-il vous dire plus ? il m’a déjà demandé où se vendaient les venins qui peuvent abréger les jours d’un individu quelconque. Vous sentez bien que je ne le lui apprendrai pas ; mais il peut s’adresser à d’autres : prenons les devans,