Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/335

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courageusement que je ne l’aurais cru ; la friponne ne quitta le chevet du lit de son frère, que quand elle l’eut vu rendre l’ame.

O Jérôme ! m’écriai-je alors à part moi, ton triomphe est donc sûr ? et tes perfides séductions viennent de porter enfin le trouble et la désolation dans la famille entière de ton unique ami, de ton seul protecteur. Du courage, Jérôme, ne restons pas en chemin quand il s’agit d’être criminel ; il est à jamais perdu celui qui ne parcourt pas jusqu’au bout la carrière du vice, une fois qu’il y est entré. Je passai toute la nuit avec Joséphine ; la scélératesse dont elle venait de se couvrir, Lui rendait à mes yeux tous les attraits qu’une longue jouissance lui avait fait perdre. Deux jours après je lui persuadai que je l’avais effectivement demandé en mariage, mais que l’extrême disproportion de nos rangs et de nos fortunes n’avait occasionné que des refus. Eh bien ! me dit Joséphine, partons ; car mes projets ne changeront pas ; je ne veux que toi pour mon époux ; je ne veux vivre que pour toi seul au monde. Ce que tu proposes est facile, dis-je à cette pauvre dupe : voici une remise de cent mille écus, dont le conseil de tutelle vient de me charger pour acquérir une