Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/334

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il faut se venger de ceux qui trament contre nous ; et il n’est certainement aucun mal à les prévenir ; ce poison que Sulpice demande, je vous l’offre, Joséphine ; vous sentez-vous la force d’en faire usage ? Oui, me dit mon élève, en déployant à mes yeux infiniment plus de caractère que je ne lui en aurais jamais supposé, je crois tout ce que tu me dis, Jérôme ; de certains propos de Sulpice me prouvent que tu as raison, quand tu le crois l’auteur de la mort de mon père, et je veux venger cette mort, Mais, Jérôme, faut-il l’avouer ! Je t’aime, et ne prendrai jamais d’autre époux que toi ; tu as la confiance de nos tuteurs, demandes-moi en mariage, je t’appuyerai ; si l’on te refuse, emportons le plus d’argent que nous pourrons, et allons nous marier en Suisse ; songes que ce n’est qu’à cette condition que j’accepte le crime que tu me proposes. Elle flattait trop mes projets, pour que je ne l’acceptasse pas sur-le-champ. Dès que Joséphine fut sûre de moi, elle agit ; ce fut l’histoire d’un déjeûner : elle servit elle-même du chocolat à son frère, dans lequel elle eut soin de jeter deux gros de napel que je lui avais donné. Sulpice creva le lendemain au milieu d’affreuses convulsions, que Joséphine observa beaucoup plus