Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tire de toi mon argent, ou au moins ce que tu as sur toi. — Cela est juste, dit le Salomon qui présidait à cette scène ; monsieur dit que vous lui devez cent mille écus ; il faut le payer. — L’infâme calomniateur ! dit Isaac en se mordant les lèvres, peut-on porter l’effronterie plus loin. — Petit neveu de Moïse, m’écrié-je, j’ai moins d’audace que vous ; je ne demande que ce qui m’est dû, et vous osez réclamer ici ce qui ne vous appartint jamais. Isaac fut généralement condamné. Obligé de vider ses poches, j’en tirai cinquante mille francs, et des lettres-de-change sur Berlin, pour les deux cent cinquante mille livres que je réclamais encore. Je payai largement le juge, l’hôtellier, les accolites ; et, faisant mettre aussi-tôt les chevaux, nous nous éloignâmes, Joséphine et moi, d’une auberge, ou nous étions loin d’espérer une aussi lucrative aventure.

Eh bien, me dit Joséphine, dès que nous commençâmes à galopper, je gage que je n’aurai pas encore un sou de cette prise-là ? c’est pourtant mon cul qui t’a valu cette bonne fortune ; tu en sortais, quand cet imbécille est venu se prendre au piége qu’il essayait de te tendre. — Eh ! répondis-je à ma prétendue