Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/347

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lui disant le besoin que j’en avais pour le voyage que j’entreprends, il m’a refusé, je l’ai poursuivi, il s’est déclaré banqueroutier, j’ai réuni mes autres fonds, je suis parti. À peine ce scélérat-ci m’a-t-il su hors de la ville, qu’il a publié que les fonds que j’emportais occasionnaient sa chûte, qu’une partie de ces fonds n’était même pas à moi, que je les escroquais, et il lui a pris, en raison de cela, fantaisie de me poursuivre ; il arrive avec ce projet ; mais, ventre-Dieu, je vous le déclare, monsieur le juge, il aura ma vie avant mon argent. — Qu’avez-vous à répondre à cela, monsieur, dit l’homme de loi à Isaac ? — Je réponds, dit le Juif tout troublé de mon effronterie, que vous avez affaire au plus adroit filou qu’il y ait en Europe ; mais j’ai tort ; je suis parti comme un étourdi ; je n’ai pris nulles précautions ; c’est ma faute, je repars : n’importe, que le coquin soit sûr de n’y rien gagner ; je vais me munir de ce qu’il faut, et, une fois en règle, qu’il se tienne pour bien certain que je le poursuivrai jusqu’au fond des enfers ; adieu. — Oh que non, double fils de putain, dis-je en saisissant Isaac au colet ; oh que non, tu ne repartiras pas ainsi ; puisque je te tiens, il faut que je