Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/353

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étouffé fous les deux ; et je jouissais, et j’éprouvais, dans le cul de la femme, l’inconcevable volupté qui existe à procurer une mort violente à l’objet qui sert nos plaisirs. On n’imagine pas à quel point la contraction des nerfs de la victime sert la lubricité de l’agent ! ô mes amis ! taisons ce secret ; il ne serait pas un seul libertin, s’il était connu, qui n’assassinât sa jouissance. L’opération terminée, nous plaçons avec soin les corps chacun dans leur lit ; et nous étant emparé des montres, des porte-feuilles et des bijoux, nous descendons, nous traversons l’auberge, dont personne n’est surpris de nous voir partir, parce que j’avais prévenu de tout. Vous laisserez dormir monsieur et madame de Kolmark, disons-nous en passant ; ils vous prient de n’entrer chez eux qu’à midi ; votre excellent souper, votre bon vin, tout cela leur a porté à la tête, et ils veulent se reposer long-tems ; nous en ferions sûrement de même, sans les affaires qui nous chassent. Et cela dit, les dépenses, les valets, largement payés, nous nous retirons comblés des politesses de tout le monde, et volons d’une traite à Berlin, sans nous arrêter davantage. Ce ne fut que dans cette capitale de la Prusse, où nous