Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/36

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à-l’heure ; tu ne reverras jamais le seuil de la porte par laquelle tu es entrée. — Oh ! Monsieur. — Justine, je bande, descendons ; c’est assez raisonner ; je veux foutre. La vieille est rappelée ; Justine, conduite au cabinet destiné à ces sortes de sacrifices ; on garrotte notre malheureuse fille sur le siège banal, et la matrone se retire. Méprisable créature ! dit alors le vieux Faune avec brutalité, vous voyez ce qu’on gagne à vouloir faire une bonne action ; j’ai toujours vu que la vertu s’enveloppait dans ses propres pièges, et qu’elle était sans cesse la dupe du vice. Vous n’aviez qu’à laisser noyer cette enfant, je n’aurais seulement pas pris, garde à vous. — Oh ! monsieur… moi laisser commettre un crime aussi épouvantable ! — Tais-toi, putain, je te l’ai déjà démontré ; y a-t-il quelque chose dont nous soyons plus maîtres que du morceau de foutre que nous avons paitri ; allons, coquine, donnes-m’en un, et je l’expédierai devant toi. — Au nom du Ciel ! monsieur, faites-moi grâce ; aussi-tôt que votre passion sera satisfaite, je ne serai plus pour vous d’aucune utilité ; vous me mépriserez, vous m’abandonnerez ; et, si vous vouliez m’employer à autre chose dans votre