Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/46

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dit Cœur-de-Fer, fais-nous avoir celle qu’il nous faut, et nous te jurons sûreté, protection et secours. — Oh ! juste ciel ! vous voulez que je vous livre une infortunée pour lui donner la mort ! — Elle la recevra de même où elle est. — Non, elles sortent quand il en est las. — Eh bien, si tu ne nous sers point, nous pénétrerons de même, et tu deviendras notre première victime. Allons, dit Justine, qui vit bien qu’en se tirant du péril où elle était, elle parviendrait toujours (qu’on lui tint parole ou non) à s’échapper des nouveaux pièges qui lui seraient tendus, et que, quant à la femme que sa démarche allait livrer, elle ferait tant qu’elle en obtiendrait la trace ; allons, me voilà prête à vous servir ; fournissez-m’en les moyens, et j’espère que nous réussirons. — Avez-vous une corde ? — Non. — Coupez vos draps, formez-en une bande, et descendez-nous-là. Justine exécute. Tirez, lui dit-on. Une lime et une échelle de soie étaient au bout de la corde : un billet s’y présente ; elle y lit ces mots. « Servez-vous de cette lime pour couper vos barreaux ; attachez l’échelle que voici à ceux qui resteront ; coulez-vous ensuite demain, sans crainte, entre deux et trois heures