Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/57

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ner une idée tout de suite, était un homme de cinquante-cinq ans, d’une belle physionomie, l’air frais encore, taillé en homme vigoureux, membré comme Hercule, et tout cela sans dureté ; une sorte d’élégance et de moëlleux régnait même dans son ensemble, et faisait voir qu’il avait dû posséder dans sa jeunesse tous les attraits qui forment un bel homme, il avait les plus beaux yeux du monde, de la noblesse dans les traits, le ton le plus honnête et le plus séducteur ; un peu d’accent faisait reconnaître sa patrie, mais ne donnait à son langage que plus d’agrément et de grâce. Justine, il en faut convenir, avait besoin de l’aimable extérieur de ce second moine, pour revenir de toute la frayeur que lui avait causée le premier. Ma chère fille, dit gracieusement Severino, quoique l’heure soit indue, et que nous ne soyons point dans l’usage de recevoir si tard, j’entendrai pourtant votre confession, et nous aviserons après au moyen de vous faire passer décemment la nuit, jusqu’au moment où vous pourrez demain saluer la sainte image qui vous attire ici. Alors, arriva dans l’église, par le chœur, un jeune garçon de quinze ans, de la plus jolie figure du monde, et vêtu