Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/56

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rière ; votre âge, votre désordre, votre tournure, le moment où vous paraissez ici, tout cela n’annonce rien de trop bon ; quoiqu’il en soit, parlez ; que voulez-vous ?

Saint homme, répondit Justine, mon désordre est l’effet de la fatigue que j’ai éprouvée pour me rendre ici. À l’égard de l’heure, j’avais cru qu’il était toujours tems de se présenter dans la maison de Dieu : j’accours de bien loin pour m’y rendre, pleine de ferveur et de dévotion. Je demande à me confesser, s’il est possible ; et quand l’intérieur de ma conscience vous sera connu, vous jugerez si je suis digne ou non de me prosterner aux pieds de la sainte image. Mais ce n’est pas l’heure de se confesser, dit le moine, en se radoucissant, vous ne le pouvez que demain matin ; où coucherez-vous, en attendant ? nous n’avons point d’hospice ; et Clément, à ces mots, quitte brusquement notre voyageuse, en lui disant qu’il va rendre compte au supérieur. Quelques tems après l’église s’ouvre ; le supérieur, Dom Severino, s’avance lui-même, et invite Justine d’entrer dans le temple, dont les portes se verrouillent aussitôt sur elle.

Dom Severino, duquel il est bon de don-