Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mainte-, si vous voulez faire votre prière et ne vous inquiétez point de ce qui se passera pendant que vous serez en oraison ; songez ma fille, que, si je m’apperçois que votre esprit ne soit pas entièrement dégagé de la matière, que, si je crois voir qu’il tienne encore aux choses mondaines, et qu’il n’appartienne pas entièrement à Dieu ; songez, dis-je, que réglant alors ma pénitence sur vos nouveaux torts, elle sera funeste et sanglante ; oubliez-vous donc, et laissez-vous faire. De ce moment le paillard n’écoute plus que sa passion : sentant bien que l’état où est Justine, et la position dans laquelle il la tient, le dispense de toute précaution, il se place derrière elle, ayant son giton auprès de lui ; et, pendant que celui-ci le chatouille et le branle, le moine promène luxurieusement ses mains sur les fesses qui lui sont offertes, en y laissant, de tems en tems, avec ses ongles, des preuves sanglantes de ses cruelles caresses.

Justine immobile, fermement persuadée que tout ce qu’on lui fait n’a d’autre but que la conduire pas à pas vers la perfection céleste, souffre tout avec une indicible résignation ; pas une plainte… pas un mouve-