Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/70

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magnifiquement éclairée, où paraissent à table, cinq moines, dix filles et cinq garçons, dans le plus grand désordre, et servis par six femmes nues ; ce spectacle fait frémir Justine, elle veut encore fuir ; il n’est plus tems, la trappe est refermée.

Mes amis, dit Severino en entrant, permettez-moi de vous présenter un véritable phénomène. Voici une Lucrèce qui porte à-la-fois, sur ses épaules, la marque du crime, et dans le cœur toute la naïveté d’une vierge ; d’ailleurs, vous le voyez, une superbe fille ; examinez cette taille, la blancheur de cette peau, la fermeté de cette gorge, la sublimité de ces cuisses, la rondeur de ce cul, la beauté de ces cheveux, le délicieux ensemble de ces traits, le feu divin de ces regards ; j’espère que, quoique celle-ci ne soit pas absolument neuve, vous avouerez pourtant qu’il en est bien peu dans le sérail qui réunissent autant de beautés.

Sacre-Dieu, dit Clément, je ne l’avais vue qu’habillée, j’en avais rendu compte ; mais, par le nom d’un bougre de Dieu, dont je me fous, je ne la croyais pas si jolie. On fait asseoir Justine dans un coin, sans s’informer