Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/69

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c’est en lui pinçant ou lui piquant les fesses ; que son conducteur la fait avancer. Cours donc, coquine, lui disait-il, veux-tu que je t’encule et que je t’apporte au bout de mon vit ; et en prononçant ces paroles, il lui faisait sentir combien est aiguisé le dard dont il l’a menace. Tout-à-coup, Justine, qui n’avait que ses mains pour se guider, frappe contre une herse garnie de pointes de fer, auxquelles sa main droite s’écorche ; elle jette un cri… Un bruit sourd se fait entendre, la barrière s’ouvre ; prends garde, dit le moine, saisis le garde-fou, tu es sur un pont, le moindre faux pas te précipiterait dans un abîme, duquel aucun effort ne saurait te tirer. Au bas notre héroïne trouve un escalier tournant, et au bout de trente marches une échelle, sur le haut de laquelle on l’oblige de monter. Un moment, durant cette ascension, le nez du moine se trouve au cul de Justine ; le coquin baise et mord ce qu’il trouve ; une trappe se présente enfin ; pousse avec ta tête, dit le supérieur ; des reflets de lumière viennent aussi-tôt frapper les yeux de Justine, des mains la soulèvent, des éclats de rire se font entendre, et voilà l’infortunée et ses guides dans une salle charmante et