Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/87

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plaisir est d’en violer tous les principes… la religion ? elle est sans frein à nos regards, notre mépris pour elle s’accroît en raison de ce que nous la voyons de plus près… des pareils, des amis, il n’y a rien de tout cela dans ces lieux ; vous n’y trouverez que de l’égoïsme, de la cruauté, de la débauche et de l’athéisme ; la soumission la plus entière est donc votre unique lot, et cette parfaite résignation contraint à bien des choses ici. Les sept despotes auxquels vous avez affaire, parmi lesquels il faut comprendre la directrice, dont les ordres ou les fantaisies doivent être aussi sacrés pour vous que les nôtres ; ces sept despotes, dis-je, sont sujets chaque jour à de terribles caprices, et la plus faible résistance à ces actes arbitraires, de force ou de tyrannie, entraîne inexorablement après elle d’affreux supplices, ou la mort. Serait-ce dans la fuite que vous espéreriez votre salut ? oh ! Justine, ce dernier moyen est aussi nul que les autres ; jetez les yeux sur l’asyle impénétrable où vous êtes ; jamais aucun mortel ne parut dans ces murs ; le couvent serait pris, fouillé, brûlé, que cette retraite demeurerait encore inconnue. C’est un pavillon isolé, enterré, qu’environnent de toutes parts six enceintes de dix pieds