Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/88

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chacune d’épaisseur, et vous vous trouvez là, ma chère, au milieu de six scélérats, qui n’ont pas envie de vous épargner, et que vos instances, vos larmes, vos propos, vos génuflexions ou vos cris n’enflammeront que davantage ; à qui donc aurez-vous recours ? à qui vous adresserez-vous ? sera-ce au Dieu que vous veniez implorer avec zèle, et qui, pour vous récompenser de tant de ferveur ne vous précipite qu’un peu plus sûrement dans le piège… à cette méprisable et dégoûtante chimère, que nous outrageons nous-mêmes chaque jour en insultant à ses vaines loix ? Vous le concevez donc, Justine ; il n’est aucun pouvoir, de quelque nature qu’on le suppose, qui réussisse à vous enlever d’ici ; et il n’existe dans la classe des choses possibles, ni dans celle des miracles, aucun moyen qui puisse réussir à vous soustraire de nos mains… qui puisse vous empêcher de devenir, dans tous les sens et de toutes les manières, la proie des affreuses luxures… le plastron des excès libidineux, auxquels nous allons nous abandonner tous les six avec vous. Avance donc, coquine, offre ton corps à nos caprices, prête-le tout entier aux horreurs dont nous allons le souiller, ou les traitemens