Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la vie, de jamais reparaître à la maison : ce monstre est capable de tout ; il me tuera si j’y rentre. Oh ! monsieur, je ne sais que devenir. Cependant, vous m’offrez vos services… eh bien, je les accepte ; daignez m’aller chercher mon amant, faites cela, monsieur, je vous en conjure ; je ne sais quel est votre état, ni votre fortune, mais mon amant est riche, et si des sommes vous étaient nécessaires, je suis bien sûre qu’il les donnerait pour me r’avoir. — Où est-il, cet amant, mademoiselle, dis-je avec chaleur ? — À Trente, et vous n’en êtes pas à deux lieues. — Se doute-t-il de votre aventure ? — Je ne crois pas qu’il la sache encore. — Et ici je vis bien que cette belle fille, actuellement sans aucune défense, serait à moi quand je le voudrais ; mais, aussi envieux d’argent que de femmes, je me mis à combiner sur-le-champ comment je m’y prendrais pour avoir à-la-fois l’un et l’autre. Croyez-vous, dis-je d’abord à cette infortunée, qu’il y ait quelques maisons dans les environs de la partie du bois où nous sommes ? — Non, monsieur, je ne le crois pas. — Eh bien, enfoncez-vous encore plus dans le taillis, n’y faites pas le moindre mouvement, transcrivez sur ces tablettes avec mon crayon les