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qu’il dit sur la douceur du climat, sur la beauté de ses habitans, et particulièrement sur leur libertinage. C’est-là, sans doute, c’est sous ce climat délicieux que la bienfaisante nature inspire à l’homme tous les goûts, toutes les passions qui peuvent contribuer à lui rendre son existence agréable ; et c’est-là ou l’on doit en jouir, si l’on veut connaître la vraie dose du bonheur que cette tendre mère réserve à ses enfans. Après avoir visité de même Catane et Palerme, je revins prendre possession de mon château. Assis sur une montagne élevée J’y jouissais à-la-fois de l’air le plus pur et de la vue la plus agréable. Cette apparence de forteresse flattait d’ailleurs infiniment la sévérité de mes goûts. Les objets que je leur immolerai, me disais-je, seront là comme dans une prison : à-la-fois leur maître, leur juge et leur bourreau, où trouveront-ils des défenseurs ? Oh ! que les jouissances sont divines, quand le despotisme et la tyrannie les aiguillonnent ainsi !

Clementia avait eu soin de remplir mon sérail pendant mon absence ; et, à mon retour, je le trouvai garni, par ses soins, de douze jeunes garçons de dix à dix-huit ans, de la plus jolie figure du monde, et d’un nombre