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plus m’appesantir sur ces détails, vous saurez, mes amis, qu’au bout d’un mois, je me trouvai seigneur de dix paroisses, en possession de la plus belle terre et du plus beau château, dans la vallée des ruines de Syracuse, tout près du golfe de Catane, c’est-à-dire, dans le plus beau pays de la Sicile.

Je ne tardai pas à me former un domestique nombreux et composé d’après mes goûts. Mes valets, mes femmes, tous avaient le service immédiat de mes lubricités pour clause spéciale de leurs devoirs. Ma gouvernante, nommée Dona Clementia, femme d’environ trente-six ans, et l’une des plus belles créatures de l’ile, avait, indépendamment de ses soins libidineux près de moi, la charge de me découvrir des sujets de l’un et de l’autre sexe ; et, tout le tems qu’elle l’exerça près de ma personne, je vous réponds qu’elle ne m’en laissa point manquer. Avant que de m’établir, je parcourus les villes célèbres de cette intéressante contrée ; et, comme vous l’imaginez bien, Messine eut droit à mes premières recherches. Les descriptions de Théocrite sur les plaisirs de la Sicile n’avaient pas peu contribué à faire naître en moi le desir d’habiter un si beau pays. Je trouvai vrai tout ce