Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/61

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toire que tu vas subir, que c’est elle qui voulait au contraire attenter à tes jours : tu veux qu’elle périsse ; elle périra, es-tu content ? — Enchanté ! monseigneur, enchanté ! je déteste cette femme, et mourrais plutôt que de ne la pas perdre. — Donnes pour preuve le poison qu’elle a dans ses mains. — Oui ; mais on sait que je me le suis procuré chez l’apothicaire de ce bourg ; on sait la difficulté qu’il me fit, et la manière dont je la levai, en lui disant que je n’achetais cette drogue que par ordre de ma mère, et pour détruire les rats de sa maison. — N’y a-t-il que cela contre toi ? — Non. — Eh bien ! je te réponds à-la-fois et de ta vie et de la mort de ta mère. J’envoye chercher le pharmacien. Gardez-vous lui dis-je, de vouloir charger cet enfant ; c’est bien effectivement par ordre de sa mère qu’il acheta chez vous, l’autre jour, l’arsenic qui fait la matière de son procès ; et c’est bien entre les mains de sa mère que se trouve aujourd’hui, ce poison ; elle voulait le faire périr, nous en sommes sûrs ; une déposition contraire vous perdrait. — Mais, dit le droguiste, n’aurai-je pas tort dans tous les cas ? — Non ; rien de plus simple que d’avoir rempli les intentions d’une mère de famille, pro-