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séduit par l’or, j’ai tout gardé ; mais le voile se déchire à l’instant où je touche, et le cri de ma conscience me trouble tellement, que je ne puis tenir à l’aveu de mes fautes et à vous en prescrire la plus prompte réparation. Quelque confiance que j’aye en vous, mon père, je me crois obligée de laisser un écrit, à mes héritiers, qui les instruise de cette démarche. — Cette précaution, interrompis-je aussi-tôt, en divulgant inutilement vos torts, madame, prouverait en même-tems votre défiance envers moi, et de ce moment je ne dois plus me mêler en rien de cette affaire. Oh ! monsieur, monsieur, ne parlons plus de cet écrit, puisqu’il vous formalise ; vous seul satisferez à mon devoir ; vous seul appaiserez le cri de ma conscience, sans que personne en soit instruit, — Ce que vous faisiez, madame, répondis-je alors plus tranquillement, était affreux, sans doute ; et je ne sais si la simple restitution que vous vous proposez suffira pour appaiser le ciel. Puis reprenant avec sévérité : À quel point vous vous étiez permis de tromper à-la-fois l’amitié, la religion, l’honneur et la nature ! oh ! non, ne l’imaginez point, jamais cette simple restitution ne suffira. Vous êtes riche, madame ;