Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/10

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vous venez de les accabler ? Or, si leur misère est la seule cause de la tranquillité dans laquelle ils vous laissent, n’êtes-vous pas des scélérats d’en abuser ainsi ?

Mon ami, dit Verneuil à son frère, si ma femme eût osé me faire un raisonnement aussi absurde que celui-là, je l’eus fait mettre à genoux devant la compagnie, et fustiger jusqu’au sang par mon laquais ; mais comme madame ne m’appartient pas, je vais me contenter de pulvériser son objection.

Voilà qui est à merveille, répondit le maître du château ; mais comme je ne prétends pas être plus doux que mon frère, la société trouvera bon que madame de Gernande n’écoute le discours qui va lui être fait que dans une attitude de douleur ; je la condamne donc à être à quatre pattes, les fesses fort en l’air ; deux bougies, très-près de son cul, en gresilleront lentement la peau pendant ce tems-là. Des bravo retentirent ; madame de Gernande est placée, et Verneuil commence.

Établissons d’abord, je vous prie, dit Verneuil, comme bases inébranlables de tout systême sur pareilles matières, qu’il y a nécessairement dans les intentions de la nature une classe d’individus essentiellement soumise à