Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/11

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l’autre par sa faiblesse et par sa naissance : ceci posé, si le sujet sacrifié par l’individu qui se livre à ses passions est de cette classe faible et débile, le sacrificateur, en ce cas, n’a pas fait plus de mal que le propriétaire d’une ferme qui tue son cochon. Douteriez-vous de mon premier principe ? Parcourez l’univers, je vous défie d’y trouver un seul peuple qui n’ait eu sa caste méprisée ; les Juifs formaient celle des Egyptiens ; les Illotes celle des Grecs, les Parias celle des Brames ; les Nègres celle de l’Europe. Quel est, je vous prie, le mortel assez imbécille pour oser affirmer, en dépit de l’évidence, que tous les hommes naissent égaux en droits et en force ; il n’appartenait qu’à un misanthrope comme Rousseau d’établir un pareil paradoxe, parce que, très-faible lui-même, il aimait mieux rabaisser à lui ceux auxquels il n’osait s’élever ; mais de quel front, je vous le demande, le Pigmée de quatre pieds deux pouces pourra-t-il s’égaler à ce modèle de taille et de vigueur à qui la nature accorde et la force et la taille d’Hercule. Ne vaudrait-il pas autant dire que la mouche est égale à l’éléphant ? La force, la beauté, la taille, l’éloquence, telles furent les vertus qui, dans l’origine des sociétés, firent décerner