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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/110

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cellule, près de l’endroit où l’on tient le vin, que le nouvel amant de notre héroïne la conduit, pour s’entretenir avec elle ; et, tous deux assis là sur une espèce de baquet, telle est à-peu-près la conversation qui les occupe :

Du moment que je vous ai vue, mon enfant, dit Gareau, vous n’imaginez pas l’intérêt que vous m’avez inspiré ; votre charmante figure annonce de l’esprit ; votre maintien, de l’éducation ; vos discours, une naissance honnête ; et je suis, moi, dans mon particulier, bien persuadé que la flétrissure que vous portez n’est bien constamment que le fruit du malheur, et non de l’inconduite. Je ne vous cache pas, mon ange, que c’est avec chagrin que je vous ai vue parmi nous ; car, on ne sort pas d’ici comme on y entre. Vous ne pouvez vous le dissimuler ; n’acceptant pas d’exercer la même profession que ces gens-ci, je crains qu’ils ne vous captivent, ou qu’ils ne vous tuent, aussi-tôt qu’ils seront las de vous. Dans cette fatale occurence, je ne vois qu’un parti pour vous : celui de vous attacher à moi, et de vous en rapporter à mes soins pour vous obtenir un jour le moyen de vous évader. — Mais, monsieur, dit Justine, si vous preniez de l’amitié pour moi, quelle