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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/111

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apparence que vous me missiez à même de vous fuir. — Je vous suivrais, Justine ; me croyez-vous donc fait pour cet état-ci ? L’avarice, la paresse, la luxure, voilà les chaînes qui me captivent : j’aime à gagner de l’argent, sans avoir d’autres peines que de le demander. Mais vous mettez, j’espère, une différence entre mon personnel et celui de ces gens-ci ; tôt ou tard nécessairement je dois les abandonner. Liée à moi, vous me suivrez alors, et nous mènerons ensemble une vie, si-non plus honnête, au moins pas si dangereuse ; en déclarant, d’ailleurs, publiquement que vous consentez à vivre avec moi, cette association vous sauvera de la cruelle nécessité dans laquelle vous êtes de vous livrer journellement à tous ces coquins-ci… comme vous voyez Séraphine et Ribert. — Ribert, monsieur ? mais il me semble que c’est un des premiers qui ait assouvi sa passion sur moi. — Lui, sans doute, rien ne nous captive, nous ; ce n’est pas sur nous que pèse le lien conjugal ; mais, sa femme, vous ne la verrez jamais se prostituer, — Sa femme !… celle qui m’a escroquée ? — Oui. — Mais, monsieur, elle s’est aussi divertie de moi. — Eh bien, oui ; mais de bonne volonté… Ce que je vous dis,