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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/215

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façon de prendre les femmes pour les trouver étroites. Il exécute ; Suzanne n’a plus de connaissance, et cependant le monstre en jouit. Rattachons-la, dit-il, elle n’est pas morte ; il faut qu’elle expire ; et c’est toi, Justine, que je veux sodomiser en l’assassinant. Voilà Suzanne suspendue de nouveau ; et le bougre, s’agitant dans le cul de Justine, qu’il avait fait placer bien en face, décharge, en étranglant sa maîtresse. Il ouvre une pierre qui masquait un caveau plus profond encore, y précipite le cadavre, et sort avec Justine. Douce fille, lui dit-il en chemin, tu as vu ce qui vient de se passer ; souviens-toi bien que tu ne rentreras plus dans ce caveau, que ce ne soit ton tour. — Quand vous voudrez, monsieur, répondit Justine ; je préfère la mort à l’affreuse existence que vous me laissez : sont-ce à des malheureux comme nous que la vie peut être encore chère ? Et Roland, sans répondre, la renferme dans son cachot.

Le lendemain, les compagnes de Justine lui demandèrent ce qu’était devenue Suzanne ; elle le leur apprit, et ne les étonna point ; toutes s’attendaient à la même fin, et toutes, à l’exemple de Justine, voyant le terme de leurs maux, desiraient cette mort avec empressement.