Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/218

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me laisser au moins écrire… il me l’a refusé… je suis une femme perdue… Et des larmes coulaient en abondance des beaux yeux de cette intéressante créature… Et ses jouissances, demandait notre aimable consolatrice, vous ont outragé sans doute comme elles flétrissent toutes celles qui en sont victimes ? À ces mots la pudique créature montrait, pour toute réponse, son joli derrière à Justine… Hélas ! lui disait-elle, ma bonne, vous voyez ce qu’il m’a fait, j’en suis toute escoriée… toute meurtrie… toute déchirée… Oh ! De quels vices la nature a paitrie cette vilaine ame !

Telle était la situation des choses, lorsque l’on publia dans le château que les desirs de Roland étaient satisfaits ; que non-seulement il recevait pour Venise la quantité immense de papier qu’il avait desiré, mais qu’on lui redemandait même encore dix millions de fausses espèces, dont on lui ferait passer les fonds à volonté pour l’Italie. Il était impossible que ce scélérat fît une plus belle fortune ; il partait avec plus de deux millions de rente, sans les espérances qu’il pouvait concevoir. Tel était le nouvel exemple que la Providence préparait à Justine ; telle était la nouvelle ma-