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lorsqu’elle s’apperçut, le second jour, qu’elle était extraordinairement examinée par une grosse dame, fort bien mise, à laquelle on donnait le titre de baronne. À force de l’observer à son tour, Justine crut la reconnaître, et toutes deux s’avancent simultanément l’une vers l’autre, comme deux personnes qui se sont connues, mais qui ne peuvent se rappeler où.

Enfin, la baronne tirant Justine à l’écart : Mademoiselle, lui dit-elle, me trompé-je ? n’êtes-vous pas la même personne que je sauvai, il y a dix ans, de la Conciergerie, et ne reconnaissez-vous point la Dubois ? Peu flattée de cette découverte, Justine néanmoins y répond avec politesse ; mais, comme elle avait affaire à la plus adroite coquine qu’il y eût en France, il lui devint impossible d’échapper. La baronne lui dit qu’elle s’était intéressée à son sort avec toute la ville ; que, si elle avait su que cela l’eût regardée, il n’y eût eu sorte de démarches qu’elle n’eût fait près des magistrats, parmi lesquels plusieurs étaient, disait-elle, de ses amis. Faible comme à son ordinaire, Justine se laissa conduire dans la chambre de cette femme, et lui raconta ses malheurs. Ma chère amie, répondit la Dubois après l’avoir