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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/243

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entendue, si j’ai desiré de te voir plus intimement, c’est pour t’apprendre que j’ai parcouru une carrière bien différente de la tienne… ma fortune est faite, et tout ce que j’ai est à ton service. Regardes, lui dit-elle en lui ouvrant des cassettes pleines d’or et de diamans, voilà les fruits de mon industrie ; si j’eusse encensé la vertu, comme toi, je serais aujourd’hui enfermée ou pendue. — Oh ! madame, répondit Justine, si vous ne devez tout cela qu’à des forfaits, la Providence, toujours juste, ne vous en laissera pas jouir long-tems. — Erreur ! répondit la Dubois ; ne t’imagines pas que ta fantastique Providence favorise toujours la vertu : qu’un court instant de prospérité ne t’aveugle pas à ce point ; il est égal au maintien des loix de la nature que Paul suive le mal, pendant que Pierre se livre au bien. Ce qu’il faut à cette nature compensatrice, c’est une somme égale de l’un et de l’autre ; et l’exercice du crime, plutôt que celui de la vertu, est la chose du monde qui lui est la plus indifférente. Écoutes, Justine : écoutes-moi avec un peu d’attention, continua cette scélérate ; tu as de l’esprit ; je voudrais enfin te convaincre.

Ce n’est pas, ma chère amie, le choix que l’homme fait de la vertu, qui lui fait trouver