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que nos excès viennent de séparer de ce corps ? Par où a-t-elle passée ?… qu’est-elle devenue ? Ne faut-il pas être insensé pour admettre un moment son existence ? N’avons-nous pas vu cette ame s’affaiblir à mesure que nous agacions les organes, ou que nous en détruisions les ressorts ? Tout cela n’était donc que matière ; or, je demande où peut être le crime à déformer un peu de matière ?… Un moment, dit Bressac ; puisque nous faisons tant que de raisonner sur une chose aussi importante, je vous demande la permission de vous révéler mes idées sur le dogme de l’immortalité de l’ame, qui, depuis si long-tems, agite les différentes classes de la philosophie… Oui, oui, dit Gernande, écoutons mon neveu dans cette discussion ; je sais qu’il est en état de l’approfondir.

En remontant aux époques les plus reculées, dit Bressac, nous ne trouvons malheureusement d’autres garans de l’absurde systême de l’immortalité de l’ame que parmi les peuples plongés dans les plus grossières erreurs. Si l’on examine les causes qui purent faire admettre cette affreuses ineptie, on les trouve dans la politique, dans la terreur et dans l’ignorance ; mais, quelque soit l’origine de