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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/342

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vait-elle pas dans ce qu’elle voyait trop de raisons de se méfier, et du protecteur qu’on lui proposait, et plus encore des moyens dont elle serait obligée de payer cette protection ? et cependant elle ne pouvait balancer. Devait-elle rejeter tout ce qui paraissait lui offrir quelques secours ? Il était question de se prostituer ; on le lui faisait assez clairement entendre ; soit. Mais Justine se flattait d’émouvoir, d’attendrir, de se soustraire ; il s’agissait d’ailleurs de sauver sa vie ; et cet intérêt devenait d’un tel poids, qu’on est bien pardonnable en lui faisant céder quelques autres considérations étrangères… jamais celles de l’honneur… je le veux ; mais ce que la force entreprenait sur Justine était-il donc au prix de son honneur ? était-elle responsable des attentats commis sur sa personne, et aux yeux des gens les plus scrupuleux, toutes les horreurs dont elle avait été souillée jusqu’à ce moment attaquaient-elles en rien l’inébranlable base de sa vertu ?

Telles étaient les réflexions que Justine faisait en s’habillant et en se préparant à suivre ceux qui allaient venir la prendre. L’heure sonne ; le geolier paraît ; Justine frémit. Suivez-moi, lui dit le Cerbère ; c’est de la part