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juger d’une autre substance que celle qu’on suppose aux esprits angéliques.

Avoir sans cesse recours à la toute-puissance, comme font les théistes, n’est-ce donc pas ouvrir la porte à tous les abus ? n’est-ce pas introduire un pirrhonisme universel dans toutes les sciences ; car enfin, si la toute-puissance agit contre les loix qu’elle-même a, prétend-on, déterminées, je ne pourrai jamais être sûr qu’un cercle n’est pas un triangle, puisqu’elle pourra faire que la figure que j’aurai sous les yeux soit en même-tems l’un et l’autre.

La plus saine partie des déistes sentant combien il répugnait à la raison de supposer l’ame une substance semblable à celle de leur Dieu, n’a pas hésité à dire qu’elle était une substance, une entéléchie de forme particulière, prise je ne sais où ; et, sur ce qu’on leur a objecté, qu’à l’exception de Dieu qui, à cause de son infinité, excluant toute limite, n’avait point de forme, tout ce qui restait dans la nature devait avoir une figure, et par conséquent une étendue, ils ont avoué, sans difficulté, que l’ame humaine a une extension, des parties, un mouvement local, etc. Mais c’est assez argumenter contre nos adversaires ; ils