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qu’il n’y a que matière et qu’esprit ? Mais si l’ame a été formée de matière, elle ne peut être immortelle ; Dieu, si vous voulez, a pu spiritualiser, diaphaniser de la matière jusqu’à l’impalpabilité ; mais il ne peut la rendre immortelle ; car ce qui a eu un commencement, doit assurément avoir une fin.

Les déistes eux-mêmes ne peuvent concevoir l’immortalité de Dieu que par son infinité, et il n’est infini que parce qu’il exclud toute limite.

La matière, pour être spiritualisée, n’en est pas moins divisible, parce que la divisibilité est essentielle à la matière, et que la spiritualisation ne change point l’essence des choses : or, ce qui est divisible, est sujet à l’altération, et ce qui est susceptible d’altération, n’est point permanent, et encore bien moins immortel.

Nos adversaires, poussés à bout par toutes ces objections, se rejettent sur la toute-puissance de Dieu : il nous suffit, disent-ils, d’être persuadés que nous sommes doués d’une ame spirituelle et immortelle ; peu nous importe de savoir comment et quand elle a été créée. Ce qu’il y a de constant, ajoutent-ils, c’est que, par ses facultés, on ne peut la