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peut connaître dans une espèce générale toutes les particularités qui s’y rencontrent, et toutes les conditions de ces particularités. Supposons l’ame pourvue de la connaissance du bien et du mal en général ; cette science ne lui suffira pas pour rechercher l’un et pour s’abstenir de l’autre ; il faut pour qu’un être se détermine constamment à cette fuite ou à cette recherche, qu’il ait connaissance des espèces particulières du bien ou du mal qui sont contenues sous ces deux genres absolus et généraux. Les partisans du systême de Scot soutenaient que l’ame humaine n’avait point en soi la force de voir, qu’elle ne lui avait point été donnée au moment de sa création, qu’elle ne recevait ses propriétés qu’à l’occasion des circonstances où elle était obligée de s’en servir.

Dans la supposition précédente, l’ame qui a une connaissance née avec elle du mal en général, est une substance impuissante, car elle voit le mal à venir et n’en détourne pas ; la matière alors est l’agent, elle le patient, ce qui est absurde. De l’opinion de Scot il résulte que l’homme ne peut rien prévoir, ce qui est faux. Si vraiment l’homme en était réduit là, sa condition serait bien inférieure à