Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/43

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celle de la fourmie, dont la prévoyance est inconcevable. Dire que Dieu imprime la connaissance à l’ame à mesure qu’elle a besoin d’exercer ses facultés, est faire de votre Dieu l’auteur de tous les crimes ; et je vous demande si ces conditions ne révolteraient pas les plus fermes sectateurs de ce Dieu ? Voilà donc les partisans de l’ame immortelle et spirituelle réduits au silence sur la question de savoir comment et par quel moyen cette ame voit et connaît les choses ; ils n’abandonnent pourtant point encore la partie ; l’ame humaine, disent-ils, voit et connaît les choses à la façon des autres substances subtiles ou spirituelles qui sont de même nature qu’elle ; ce qui, comme on le voit, est absolument ne rien dire.

Dans la défense d’une fausse opinion, les difficultés renaissent à mesure qu’on semble les abattre ; si l’ame humaine n’a pas la faculté de pénétrer les objets présens, ni celle de se représenter les absens qui lui sont inconnus et de s’en former des idées vraies, d’après quoi elle puisse juger de leurs dispositions intérieures ; si elle ne saurait recevoir d’impression que par la présence sensible des objets, et si elle ne peut juger de leur qualité que