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certain que d’après eux, n’étant plus les maîtres d’aucune des actions de notre vie, nous ne devons plus ni nous effrayer, ni nous repentir d’aucunes. — Et, qui s’effraye, dit Dorothée, qui peut se repentir ? — Des esprits faibles, reprit Verneuil, des gens qui, point encore suffisamment familiarisés avec les vrais principes que vient d’établir mon neveu, conservent souvent malgré eux les sots préjugés de leur enfance. — Et voilà pourquoi, dit Bressac, je ne cesse de dire qu’on ne saurait étouffer trop tôt les germes de ces préjugés absurdes ; ce sont les premiers devoirs des parens… des instituteurs… de tous ceux à qui la jeunesse est confiée ; et j’estime un mal-honnête homme, celui qui, dans cette classe, ne regarde pas comme son premier soin de les éteindre. — Ce sont aux plus fausses notions de la morale que sont dues, selon moi, toutes les imbécillités religieuses, dit Gernande. — C’est tout le contraire, répondit Bressac, les idées religieuses furent les fruits de la crainte et de l’espoir, et ce fut pour les fomenter et pour les servir que l’homme arrangea sa morale sur la bonté imaginaire de son absurde Dieu. — Ma foi, dit Gernande en sablant du Champagne, que l’un vienne de l’autre, ou