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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/49

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qu’il laissa tout aller sous lui ; mais Bressac le retenant aussi-tôt : Ne vois-tu donc pas, petit imbécille, lui dit-il, que ce qui arrive là est précisément la preuve évidente de ce que j’ai avancé tout-à-l’heure, sur la nécessité du mouvement dans la matière : vous voyez, mes amis, qu’il n’est nullement besoin d’ame pour faire mouvoir une masse. C’est par une suite de mouvemens semblables que ce cadavre va se dissoudre… engendrer en même-tems d’autres corps qui n’auront pas plus d’ames que lui[1]. Allons, foutons, mes amis, poursuivit Bressac

  1. Si-tôt qu’un corps paraît avoir perdu le mouvement par son passage de l’état de vie à celui que l’on appelle improprement mort, il tend, dès la même minute, à la dissolution : or, la dissolution est un très-grand état de mouvement. Il n’existe donc aucun instant où le corps de l’animal soit dans le repos ; il ne meurt donc jamais ; et parce qu’il n’existe plus pour nous, nous croyons qu’il n’existe plus en effet : voilà où est l’erreur. Les corps se transmutent… se métamorphosent ; mais ils ne sont jamais dans l’état d’inertie. Cet état est absolument impossible à la matière, qu’elle soit organisée ou non. Que l’on pèse bien ces vérités, l’on verra où elles conduisent, et quelle entorse elles donnent à la morale des hommes.