moiselle ; il a eu le plaisir de vous connaître autrefois aux environs de Paris ; vous lui avez, prétend-il, rendu des services qu’il veut absolument reconnaître ; maintenant à la tête du commerce de cette ville, il y jouit à-la-fois d’une considération et d’un bien qui le mettent à même d’exécuter ses heureux projets envers vous. Il vous attend.
Les réflexions de Justine furent bientôt faites. Si cet homme, pensait-elle, n’avait pas de bonnes intentions, serait-il vraisemblable qu’il lui écrivit de cette manière ? Il se repend sans doute de ses anciennes infamies ; il se rappelle, avec effroi, de m’avoir arraché ce que j’avais de plus cher ; de m’avoir réduit par l’enchaînement de ses horreurs, au plus cruel état où puisse être une femme ; il se souvient des nœuds qui nous unissent. Oh ! oui, oui, ce sont des remords, volons-y ; je serais coupable envers l’Être-Suprême, si je ne me prêtais à les appaiser : suis-je, d’ailleurs, en situation de rejeter l’appui qui se présente ? ne dois-je pas plutôt saisir avec ardeur tout ce que le ciel offre à mon soulagement ? C’est dans son hôtel que cet homme veut me voir ; sa fortune doit l’entourer de gens devant lesquels il se respectera trop pour