Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/74

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oser me manquer encore ; et dans l’état où je suis, grand Dieu ! puis-je inspirer autre chose que de la commisération et du respect.

Ces combinaisons faites, Justine assura le laquais que le lendemain, sur les onze heures, elle aurait l’avantage d’aller saluer son maître pour le féliciter des faveurs qu’il avait reçu de la fortune ; mais qu’elle… en était traitée bien différemment. Elle se coucha… si occupée de ce que cet homme voulait lui dire, qu’elle ne ferma pas l’œil de la nuit. Elle arrive enfin à l’adresse indiquée ; un hôtel superbe, une foule de valets, les regards humilians de cette riche canaille sur l’infortune qu’elle méprise, tout lui en impose à tel point, qu’elle est au moment de se retirer, lorsqu’elle est abordée par le même laquais qui lui avait parlé la veille, et qui la conduit, en la rassurant, dans un cabinet somptueux, où elle reconnaît fort bien son bourreau, quoiqu’âgé de quarante-cinq ans, et qu’il y en eût à-peu-près dix qu’il ne l’eût vu. Saint-Florent ne se leva point ; mais il ordonne qu’on le laisse seul, et fait signe à Justine de venir se placer sur une chaise, à côté du vaste fauteuil qui le contient.

J’ai voulu vous voir, ira nièce, dit-il avec