Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le ton arrogant de la supériorité ; non que je croie avoir de grands torts avec vous ; non qu’une fâcheuse réminiscence me contraigne à des réparations… au-dessus desquelles je me crois ; mais je me souviens que, dans le peu de tems que nous nous sommes vus, vous m’avez montré de l’esprit ; il en faut pour ce que j’ai à vous proposer ; et, si vous l’acceptez, le besoin que j’aurai de vous alors vous fera trouver, dans ma fortune, les ressources qui vous sont nécessaires, et sur lesquelles vous compteriez en vain, sans cela. Justine voulut répondre quelque chose à la légéreté de ce début ; mais Saint-Florent lui imposant silence : Laissons ce qui s’est passé, lui dit-il ; c’est l’histoire des passions, et mes principes me portent à croire qu’aucun frein n’en doit arrêter la fougue : quand elles parlent, il faut les servir ; je ne connais point d’autre loi. Lorsque je fus pris par les voleurs, dans la compagnie desquels je vous trouvai, me vîtes-vous me plaindre de mon sort ? Se consoler et agir d’industrie, si l’on est le plus faible ; jouir de tous ses droits, si l’on est le plus fort, voilà mon systême. Vous étiez jeune et jolie, Justine ; vous étiez ma nièce ; nous nous trouvions au fond d’une