Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/80

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fierté, la délicatesse, énervant l’ame enfin, décide, dans l’espoir d’une subsistance indispensable, à tout ce qui paraît devoir l’assurer. Je fais impitoyablement fouiller tous ces réduits : on n’imagine pas ce qu’ils me rendent. Je vais plus loin, Justine ; l’activité, l’industrie, un peu d’aisance, en luttant contre mes subornations, me raviraient une grande partie des sujets. J’oppose à ces écueils le crédit dont je jouis dans cette ville ; j’excite des oscillations dans le commerce, ou des chertés dans les vivres, qui, multipliant les classes du pauvre, lui enlevant d’un côté les moyens du travail, et lui rendant difficile de l’autre ceux de la vie, augmentent en raison égale la somme des sujets que la misère me livre. La ruse est connue, mon enfant ; ces disettes de bois, de bled, et d’autres commestibles, dont Paris souffre depuis tant d’années, n’ont d’autres objets que ceux qui m’animent. L’avarice, le libertinage, voilà les passions, qui, du sein des lambris dorés, tendent une multitude de filets sur l’humble toit du pauvre. Mais, quelqu’habileté que je mette en usage pour presser d’un côté, si des mains adroites n’enlèvent pas lestement de l’autre, j’en suis pour mes peines, et la