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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/103

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souffris ; mais aux douleurs cuisantes de cette terrible opération, succédèrent bientôt les plus doux plaisirs. Delbène que rien n’épuisait, était loin de se fatiguer ; me limant à tour de reins, sa langue enfoncée dans ma bouche, et de ses mains chatouillant mon derrière, il y avait une heure que je déchargeais dans ses bras, lorsqu’à la fin je lui demandai grace : Rends-moi tout ce que je viens de te faire, me dit-elle aussitôt… Je suis dévorée de luxure, je n’ai pas joui, moi, pendant que je te foutais ; je veux décharger à mon tour ; de maîtresse chérie je devins bientôt l’amant le plus passionné ; j’enconne Delbène, je la lime. Dieu ! quel égarement, nulle femme n’était aussi aimable, aucune n’était emportée comme elle dans le plaisir ; dix fois de suite la friponne se pâma dans mes bras, je crus qu’elle se distillerait en foutre. Oh ma bonne, lui dis-je, n’est-il pas vrai que plus l’on a d’esprit et mieux l’on goûte les douceurs de la volupté. Assurément, me répondit Delbène, et la raison de cela est bien simple ; la volupté n’admet aucune chaîne, elle ne jouit jamais mieux que quand elle les rompt toutes ; or, plus un être à d’esprit, plus il brise de freins : donc