Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/124

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de prétendre que c’en est une de se priver de nourriture ; qu’on le remarque bien, c’est presque toujours la sotte importance que nous mettons à certaine chose, qui finit par l’ériger en vertu ou en vice ; renonçons à nos imbécilles préjugés sur cela, qu’il soit aussi simple de dire à une fille, à un garçon, ou à une femme, qu’on a envie de s’en amuser, qu’il l’est, dans une maison étrangère, de demander les moyens d’appaiser sa faim ou sa soif, et vous verrez que le préjugé tombera, que la chasteté cessera d’être une vertu, et l’adultère un crime. Eh, quel mal fais-je, je vous prie, quelle offense commets-je, en disant à une belle créature, quand je la rencontre. — Prêtez-moi, la partie de votre corps qui peut me satisfaire un instant, et jouissez, si cela vous plaît, de celle du mien qui peut vous être agréable. — En quoi cette créature quelconque est-elle lézée de ma proposition ? En quoi le sera-t-elle en acceptant la mienne ? Si je n’ai rien de ce qu’il faut pour lui plaire, que l’intérêt tienne peu du plaisir, et qu’alors, pour un dédommagement convenu, elle m’accorde sur-le-champ la jouissance de son corps, et qu’il me soit permis