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la nature s’en embarrasse on ne sauroit moins[1].

À l’égard du père, il devient totalement dégagé du soin de cette progéniture, si elle a lieu. Et comment pourrait-il s’en inquiéter avec la communauté que je suppose ? Un peu de semence jeté par lui dans une matrice commune où ce qui peut germer germe, ne peut lui devenir une obligation de prendre soin de l’embryon germé, et ne peut pas plus lui imposer de devoirs envers cet embryon qu’envers celui de l’insecte que ses excrémens déposés au pied d’un arbre au-

  1. O homme ! tu crois faire un crime contre la nature, quand tu t’opposes à la propagation, ou quand tu la détruis, et tu ne songes pas que la destruction de mille fois de dix millions de fois autant d’hommes qu’il y en a sur la surface de la terre, ne coûterait pas une larme à cette nature, et rapporterait pas la plus petite altération à la régularité de sa marche ; ce n’est donc pas pour nous que tout a été fait, puisque, n’existassions-nous même pas, tout existerait également. Que sommes-nous donc aux yeux de la nature ? et comment pouvons-nous nous estimer autant ?