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raient fait éclore quelques jours après ; c’est dans l’un et dans l’autre cas de la matière dont le besoin oblige de se débarasser, et qui devient ce qu’elle peut. La femme seule, dans le cas supposé, devient maîtresse de l’embryon ; comme unique propriétaire de ce fruit plaisamment précieux, elle en peut donc entièrement disposer à son gré, le détruire au fond de son sein, s’il la gêne, ou après qu’il est né, si l’espèce ne lui convient pas, et dans tous les cas, l’infanticide ne peut jamais lui être défendu. C’est un bien entièrement à elle, que personne ne réclame, qui n’appartient à personne, dont la nature n’a aucun besoin, et que, par conséquent, elle peut ou nourrir ou étouffer si elle veut. Eh ? ne craignons pas de manquer d’hommes ; il y aura plus que l’on ne voudra de femmes envieuses d’élever le fruit qu’elles portent ; et vous aurez toujours plus de bras qu’il ne vous en faudra pour vous défendre, et pour cultiver vos terres. Formez, pour lors, des écoles publiques, où les enfans soient élevés dès qu’ils n’ont plus besoin du sein de leur mère ; que, déposés là comme enfans de l’état, ils oublient même jus qu’au nom de cette mère, et que, s’unissant ensuite vulgivague-