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une population dont la trop grande abondance pourrait devenir dangereuse.

Mais on peut tarir cette population par des moyens plus doux ; ce serait en accordant des honneurs et des récompenses au saphotisme, à la sodomie, à l’infanticide, comme Sparte en décernait au vol. Ainsi la balance s’égaliserait sans avoir besoin, comme à Angole ou à Formose, d’écraser le fruit des femmes dans leur propre sein.

En France, par exemple, où la population est beaucoup trop nombreuse, en établissant la communauté dont je parle, il faudrait fixer le nombre des enfans ; faire impitoyablement noyer tout le reste ; et, comme je viens de le dire, vénérer les amours illégitimes entre sexes égaux. Le gouvernement, maître alors et de ces enfans et de leur nombre, compterait nécessairement autant de défenseurs qu’il en aurait élevés, et l’état n’aurait point, par grandes villes, trente mille malheureux à soulager dans des tems de disette. C’est pousser trop loin le respect pour un peu de matière fécondée, que d’imaginer qu’on ne puisse pas, quand il en est besoin, le détruire avant terme ou même beaucoup après.