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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/149

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et souvenez-vous qu’un peu de matière organisée, soit qu’elle nous appartienne, ou qu’elle soit la propriété des autres, est bien peu chère à la nature qui nous donna dans tous les tems le pouvoir de la désorganiser à notre gré.

À vous maintenant, épouses charmantes, à vous la leçon, mes amies. J’ai tranquillisé l’esprit de vos maris, je leur ai appris à ne se fâcher de rien avec vous ; je vais à présent vous instruire dans l’art de les tromper adroitement, mais je veux vous faire frémir avant ; je veux exposer à vos yeux le tableau sinistre de toutes les peines imposées à l’adultère, autant pour vous faire voir qu’il faut que le prétendu délit donne de grands plaisirs, puisque tous les peuples le traitèrent avec tant de rigueur, que pour que vous ayez à rendre grâce au sort du bonheur que vous avez d’être nées sous un gouvernement doux, qui s’en rapportant de votre conduite à vous-même, ne vous impose d’autres peines, si cette conduite n’est pas bonne, que la honte frivole de vous déshonorer les premières… Charmes de plus, convenez-en, pour la plus grande partie d’entre vous.